Les amoureux s’écrivent des poèmes, les chanteurs inventent des chansons qui nous rejoignent dans nos états d’âmes… Nous avons besoin d’un langage capable d’exprimer la diversité de ce que nous vivons, capable de nourrir nos relations de vie.

Ton langage à Toi, Seigneur, c’est d’abord Ta Parole : Tu es le Verbe fait chair ! Ta Parole nourrit, vivifie, soutien, console, soulage, exalte. Tu trouves les mots pour me parler… et – divin cadeau – Tu me donnes aussi les mots pour Te rejoindre : ces merveilleux psaumes. Chaque jour, à chaque heure, le matin, le soir, les mots des psaumes s’offrent comme un chant. Je peux Te parler, T’ouvrir mon intimité. Et Toi, Tu m’écoutes, Tu prêtes attention à ce que je vis.

Ces psaumes me parlent de Toi Seigneur avec des mots d’hommes. Ils me relient à Toi en mettant dans ma bouche et sous mes yeux tant de sentiments qui pourraient un jour m’habiter et qui, peut-être m’habitent au moment meme ou je les dis…

Jubiler, goûter une joie, remercier avec gratitude…
Pleurer de solitude ou de douleur, crier de colère, de rage ou de souffrance…
Appeler au secours lorsque j’ai peur, lorsque je ne sais plus comment faire… Souhaiter vengeance et accepter la violence des mots et des sentiments quand ça fait trop mal…

Ces mots d’hommes me relient en même temps avec tous ceux qui, dans le monde que Tu as créé, prient au même moment avec les mêmes mots ; avec ceux qui, siècle apres siècle, ont prié avec ces mêmes psaumes ; avec le monde invisible qui m’entoure et qui Te loue lui aussi.

Ils me relient enfin avec cette humanité qui, perdue sans te connaître, ne sait pas, ne peut pas ou ne veut pas se tourner vers Toi. Avec ces mots, Tu me permets d’être frère de cette multitude qui reste coupée de Toi. Par mon baptême, Tu m’accueilles, moi Ton fils, comme un délégué légitime de tous ces frères en humanité.

Voilà la « liturgie des heures », voilà la prière de Ton Eglise ; une prière proposée à chaque baptisé et non pas seulement aux prêtres, aux diacres ou aux reli- gieux, et que nous pourrons goûter tous ensemble le matin des vendredis de ce prochain carême. Ce langage, où peuvent s’unir Toi, le créateur, et nous, Tes créatures, est pour tous, bons et mauvais.

Je me plais à relire ce psaume 84, dont le premier verset résume tout : « Tu as aimé Seigneur cette terre ». Oui Tu l’as aimée, sans rien enlever. Oui Tu l’as aimée avec le bon grain et avec l’ivraie. Toi, présent lorsqu’on jubile, lorsqu’on pleure ou lorsqu’on crie… Ton bonheur, c’est d’aimer cette terre, cette terre que Tu accompagnes et avec laquelle Tu vis.

Cette terre que nous sommes chacun !

Amaury Bertram, Diacre

Tous les vendredis de Carême,
Laudes à 7h30 à la chapelle St Vincent, à Saint Etienne

ou en union de prière, où que vous soyez.