En cette période de rentrée, l’évangile du dimanche met en scène un maître de vignoble, et le guide pratique de la ville qui sort nous rappelle « qu’au moyen âge la vigne occupe 76 % du domaine d’ISSY». C’est aussi l’époque des « semaines du vin », et pour présenter chaque terroir de vin, les chroniques commencent par analyser le terrain : humus, argile, calcaire, humidité… Qu’est ce qui naît bien dans ces sols, a de la saveur, se cultive avec les moyens disponibles ?

C’est vrai d’un terroir, c’est vrai d’une paroisse. Dieu nous envoie à sa vigne, à sa ville, et si nous sommes de bons ouvriers nous ne ferons pas l’économie d’une observation du terrain où nous devons fleurir et faire fleurir autour de nous. Où se vivent les joies ? Où est-ce qu’on pleure ? Où naît l’entraide ? Pour quoi et comment les gens se mobilisent-ils ?

Bien sûr, il y a un passé et des traditions mais, pour poursuivre la comparaison, les sols et le climat évoluent, et les maîtres vignerons font évoluer leurs plants et leurs méthodes. Issy industrielle avait des paroisses ouvrières, Issy numérique, Issy étudiante en auront de différentes. C’est une approche par la base, patiente, qui tient compte de ce qui se vit, de ce qui émerge, pour enraciner l’évangélisation. Elle rend compte des enjeux affectifs, des attachements : on ne décide pas dans l’abstrait et la logique de ce qu’il faudrait faire (« yaka ») mais comment faire fructifier davantage ce que fait déjà telle ou tel – ce qui implique qu’il/elle ait eu l’occasion d’en parler. En parler et témoigner : dans un contexte social asphyxié de com’ manipulatrice, c’est l’exemple qui fait la différence et qui donne envie.

Des nouveaux arrivants parmi nous posent la question : pourquoi deux paroisses, un pôle, n’est-il pas temps de simplifier ? En continuant la comparaison, on peut répondre qu’il y a deux parcelles dans un même domaine. Elles produisent des célébrations, des entraides, des amitiés, des projets qui sont marqués de leur passé, de leurs insertions et de leurs talents, disons, de leurs personnalités. Elles sont invitées à relever le même défi de l’élan missionnaire et de l’évangélisation. Il s’agit d’additionner les compétences et les énergies, au plus près des terrains et des terroirs…

Alors, en cette rentrée vigneronne, ouvrons grands nos yeux et nos coeurs pour cultiver l’évangile sur nos parcelles…

Yves Le Corre, diacre.