Mardi 18 janvier à 20h30 dans l’église Saint-Etienne.

« Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage » Mt 2,2

Selon l’Évangile de Matthieu (2,1-12), l’apparition de l’étoile dans le ciel de Judée représente un signe d’espoir longtemps attendu qui conduit les Mages, et de fait tous les peuples de la terre, vers le lieu où le vrai roi et Sauveur est révélé. […]

Les Rois Mages ont vu l’astre et l’ont suivi. Traditionnellement, les commentateurs voient en eux un symbole de la diversité des peuples connus à cette époque, et un signe de l’universalité de l’appel divin qui se révèle dans la lumière de l’étoile brillant à l’Orient. Ils voient aussi dans la quête ardente des Mages du roi nouveau-né, la faim de vérité, de bonté et de beauté qu’éprouve l’humanité. Depuis le début de la création, les hommes ont aspiré à connaître Dieu pour lui rendre hommage. L’étoile est apparue quand l’Enfant divin est né dans la plénitude des temps. Elle annonce l’acte salvique de Dieu tant attendu qui commence dans le mystère de l’incarnation.

Les Mages nous révèlent l’unité entre toutes les nations voulue par Dieu. Ils viennent de pays lointains et représentent des cultures diverses, mais ils sont poussés par la même faim de voir et de connaître le roi nouveau-né et sont réunis dans l’étable de Bethléem pour simplement rendre hommage et offrir des dons. Les chrétiens sont appelés à être un signe pour le monde que Dieu a créé, afin de réaliser cette unité qu’il désire. Avec leurs diversités culturelles, ethniques et linguistiques, les chrétiens partagent une même recherche du Christ et le désir commun de l’adorer. Le peuple de Dieu a donc pour mission d’être un signe comme le fut l’étoile, de guider l’humanité dans sa quête de Dieu, de conduire tous les êtres au Christ, et d’être l’instrument par lequel Dieu réalise l’unité de tous les peuples. […]

L’étoile s’est levée à l’Orient (Mt 2,2). C’est à l’est que le soleil se lève et dans la région du monde appelée Moyen-Orient que le salut est apparu grâce à l’immense bonté de notre Dieu qui nous a bénis avec l’astre levant venu d’en haut (Lc 1,78). Toutefois, l’histoire du Moyen-Orient a été, et reste caractérisée par des conflits et des luttes, tachée de sang et assombrie par l’injustice et l’oppression. Plus récemment, depuis la Nakba palestinienne (l’exode de la population arabe de Palestine pendant la guerre de 1948), la région a connu une série de guerres et de révolutions sanglantes et la montée de l’extrémisme religieux. Le récit des Rois Mages contient également de nombreux sombres éléments, en particulier les ordres despotiques d’Hérode de massacrer tous les enfants de moins de deux ans autour de Bethléem (Mt 2,16- 18). La cruauté de ces récits fait écho à la longue histoire et au présent difficile du Moyen-Orient.

C’est au Moyen-Orient que la Parole de Dieu s’est enracinée et a porté ses fruits : trente pour un, soixante pour un, cent pour un. Et c’est de cet Orient que les apôtres se mirent en route pour proclamer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1,8). Le Moyen-Orient a donné le jour à des milliers de témoins du Christ et des milliers de martyrs chrétiens. Et pourtant, aujourd’hui, l’existence même de la petite communauté chrétienne est menacée car beaucoup sont contraints de chercher ailleurs une vie plus sûre et plus sereine. Comme le fut celle de l’enfant Jésus, la lumière du christianisme au Moyen-Orient est de plus en plus menacée en ces temps difficiles.

Jérusalem est un symbole puissant pour les chrétiens car c’est la ville de la paix où toute l’humanité a été sauvée et rachetée. Mais aujourd’hui, la paix a déserté cette ville dont la propriété est revendiquée de tous bords, sans respect pour les autres habitants. Même la prière à Jérusalem fait l’objet de mesures politiques et militaires. Jérusalem était la ville des rois, la ville où Jésus entra triomphant, acclamé comme un roi (Lc 19, 28-44). Les Mages s’attendaient naturellement à trouver dans cette ville royale le roi nouveau-né révélé par l’étoile. Cependant, les Écritures racontent qu’au lieu d’être bénie par la naissance du roi Sauveur, toute la ville de Jérusalem était en tumulte, comme elle l’est encore aujourd’hui.

De nos jours plus que jamais, le Moyen-Orient a besoin qu’une lumière céleste accompagne son peuple. L’étoile de Bethléem est le signe que Dieu marche avec son peuple, ressent sa douleur, entend ses cris et lui montre sa compassion. Elle nous rassure sur le fait que, même si les circonstances changent et que surviennent de terribles catastrophes, Dieu nous est infailliblement fidèle. Le Seigneur ne sommeille ni ne dort jamais, il marche aux côtés de son peuple et le sauve quand il est perdu ou en péril. Cheminer dans la foi, c’est marcher avec Dieu qui veille toujours sur son peuple et qui nous guide sur le sentier tortueux de l’histoire et de la vie.

Pour cette Semaine de prière, les chrétiens du Moyen-Orient ont choisi pour différentes raisons le thème de l’étoile qui s’est levée en Orient. Alors que de nombreux chrétiens occidentaux célèbrent Noël, pour de nombreux chrétiens orientaux la fête la plus ancienne et la fête principale est l’épiphanie, lorsqu’à Bethléem et au Jourdain le salut de Dieu est révélé aux nations. Cette focalisation sur la théophanie (la manifestation) est, en un sens, un trésor que les chrétiens du Moyen-Orient peuvent offrir à leurs frères et sœurs du monde entier.

L’astre guide les Mages à travers l’agitation qui règne à Jérusalem où Hérode prépare le meurtre de vies innocentes. Aujourd’hui encore, et dans diverses régions du monde, des innocents subissent des violences ou la menace de violences, et de jeunes familles fuient des tyrans tels qu’Hérode et Auguste. Dans de telles conditions, les personnes cherchent un signe leur indiquant que Dieu est avec eux. Ils cherchent le Roi nouveau-né, le Roi de bonté, de paix et d’amour. Mais où est l’étoile qui mène à Lui?L’Église a pour mission d’être l’astre qui éclaire le chemin menant au Christ, lumière du monde. En se faisant étoile, l’Église devient un signe d’espoir dans un monde complexe et un signe de la présence de Dieu auprès de son peuple qu’il accompagne à travers les diffcultés de la vie. Par leur parole et leur action, les chrétiens sont appelés à éclairer le chemin afin que le Christ soit à nouveau révélé aux nations. Mais les divisions entre nous estompent la lumière du témoignage chrétien et assombrissent le chemin, empêchant d’autres que nous de parvenir au Christ. À l’inverse, des chrétiens unis dans leur culte au Christ et révélant leurs trésors à travers l’échange de dons, deviennent un signe de l’unité que Dieu désire pour toute sa création.

Les chrétiens du Moyen-Orient sont heureux d’offrir ces textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, conscients que le monde partage une grande partie de leurs souffrances et de leurs difficultés et aspire à trouver la lumière qui leur montrera la voie vers le Sauveur, lui qui sait comment surmonter les ténèbres. La pandémie mondiale de COVID-19, la crise économique qu’elle a générée, et l’échec des structures politiques, économiques et sociales à protéger les plus faibles et les plus vulnérables, ont fait ressortir que tous ont besoin d’une lumière qui brille dans les ténèbres. L’étoile qui resplendissait au Levant, au Moyen-Orient, il y a deux mille ans, nous invite encore à nous rendre auprès de la crèche, là où le Christ est né. Elle nous conduit vers le lieu où l’Esprit de Dieu est vivant et agit, vers la réalité de notre baptême et vers la conversion du cœur.

Après avoir rencontré le Sauveur et l’avoir adoré ensemble, les Rois Mages retournent dans leur pays par un autre chemin, ayant été avertis en rêve. De même, la communion que nous partageons dans notre prière commune doit nous encourager à retourner vers nos vies, nos églises et notre monde par de nouvelles voies. Marcher en empruntant de nouveaux sentiers est une invitation à la repentance et au renouvellement dans notre vie personnelle, nos Églises et nos sociétés. Suivre le Christ est notre nouveau chemin et, dans un monde instable et en mutation, les chrétiens doivent rester aussi immuables et déterminés que les constellations et les planètes qui scintillent. Mais concrètement, qu’est-ce que cela signie ? Servir l’Évangile aujourd’hui exige de s’engager dans la défense de la dignité humaine, en particulier des plus pauvres, des plus faibles et des exclus. Cela signie que les Églises doivent agir de manière transparente et responsable dans leurs relations avec le monde et entre elles. Cela veut dire que secourir ceux qui souffrent, accueillir des personnes déplacées, les soulager de leur peine et construire une société juste et honnête nécessite une collaboration entre Églises. Les Églises sont appelées à travailler ensemble pour que les jeunes puissent construire un avenir en accord avec le cœur de Dieu, un avenir dans lequel tous les êtres humains pourront connaître la vie, la paix, la justice et l’amour. Ce nouveau chemin pour les Églises est celui de l’unité visible qu’il nous faut rechercher avec courage et audace, au prix de sacrices, afin que, jour après jour, Dieu règne parfaitement sur tout (cf. 1 Co 15,28).

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