Bien cher père Goupy

Un prêtre fera-t-il encore des homélies au ciel ?
« Une question pour théologiens », auriez-vous répondu, ce qui dans votre bouche signifiait souvent « on s’en fiche »!

Osons une hypothèse : le paradis sera une homélie sans fin, mais pas de celles où l’on regarde sa montre.
Avec vous on avait pas le temps de regarder sa montre : vous aviez déjà fini…

Un aveu : j’étais parfois agacé par une brièveté qui évitait d’approfondir un évangile, un peu sur ma faim après certaines pirouettes qui faisaient rire mais parfois aux dépens de la parole de l’Eglise, un peu décontenancé par une théologie iconoclaste ou une liturgie minimale. Mais à chaque fois, sous la facilité ou la légèreté apparente, il y avait une pépite, une intuition spirituelle sobre mais profonde qui, d’une simple image, d’une simple formule nous ouvrait le cœur et nous révélait la bouleversante intimité que vous entreteniez avec le Christ. Merci à Catherine et à Christine de nous en avoir rappelées quelques unes.

Merci aussi pour vos présences fidèles et priantes aux soirées d’adoration du jeudi. C’était le soir après le dîner, vous étiez fatigués, mais vous étiez là, jusqu’à la dernière seconde. Habitant le silence de votre souffle bruyant mais qui n’était pas un souffle d’ennui. Les yeux mi-clos mais avec ce regard amoureux sur Jésus qui nous soutenait dans la prière. Ce regard bon et moqueur que vous posiez sur nous, sur les enfants que vous aimiez particulièrement, et qui puisait là le secret de sa joie.

On n’était pas d’accord sur tout mais vous nous avez beaucoup apporté. Et vous avez tenu. Jusqu’au bout. Cette fidélité sacerdotale est aussi un beau cadeau.